Je suis médecin vétérinaire et il s’agit d’une question qui m’est régulièrement posée en consultation.
Bien entendu, je ne peux jamais répondre pour les clients puisqu’il s’agit d’une question très personnelle qui doit se prendre en considération de multiples facettes de votre réalité et de la situation de santé de l’être animal. En effet, votre réponse à cette question dépendra souvent de l’état médical du patient (votre être animal de compagnie), mais aussi de vos moyens financiers, des événements actuels dans votre vie, de vos expériences passées, de vos valeurs, etc. Elle pourrait également être influencée par les gens qui vous accompagnent dans cette démarche.
Au courant de ma pratique, j’ai remarqué qu’il est souvent moins difficile, pour le tuteur ou le gardien (ou propriétaire), de prendre cette décision lorsque l’état de santé du patient s’est détérioré brusquement. Dans ces moments, je recommande de considérer les efforts à la fois physique, financier, et émotionnel, avant de prendre une décision. Si le niveau d’effort est suffisant pour donner une chance acceptable au patient, je recommande alors de poursuivre les traitements.
Par contre, il est aussi parfois mieux de laisser partir votre animal de compagnie plutôt que de faire tous ces efforts, qui souvent le fera souffrir davantage/plus longtemps, pour finalement en arriver en au même point quelques temps plus tard, c’est à dire de prendre la décision de le faire euthanasier. Il ne faut pas non plus négliger l’impact émotionnel d’avoir l’impression d’avoir pris cette décision trop tard. Plusieurs personnes m’ont en effet témoigné regretter amèrement d’avoir attendu avant de prendre cette décision difficile. Dans ces cas, soit la personne a dû finalement prendre cette décision de manière précipitée sans être vraiment préparée, soit elle a attendu trop tard et l’être cher est décédé par lui-même. Dans tous les cas, l’être animal a dû subir des moments de souffrances qui auraient pu être évités.
Pourquoi l’euthanasier aujourd’hui alors qu’il n’est pas si différent d’hier?
La décision d’euthanasier ou non son être animal de compagnie est beaucoup plus difficile lorsque la dégradation du patient survient de manière graduelle. En effet, cette situation vous demandera l’effort conscient de prendre du recul vis-à-vis la situation et de vous demander sur une base régulière si votre être animal de compagnie a encore une qualité de vie acceptable. De demander l’avis d’une personne de confiance qui partage vos valeurs peut apporter un détachement émotionnel à la réponse qu’il pourrait vous être difficile de prendre.
Aussi, il est également utile de penser d’avance aux circonstances pour lesquelles vous prendriez cette décision, cela pourrait vous aider. D’autres fois, même si on a fait l’exercice d’y penser d’avance, nos critères finissent par changer lorsque la situation se présente. Le fait d’avoir déjà vécu cette expérience difficile peut parfois vous aider à prendre la bonne décision et vous préparer au deuil subséquent.
Dans tous les cas, il ne s’agit jamais d’une décision facile à prendre.
J’ajoute finalement une note sur l’acharnement thérapeutique puisqu’il s’agit d’une autre question qui m’est posée en consultation. L’acharnement thérapeutique survient lorsque les traitements optimaux ont été tentés sur un patient qui n’y répond pas, mais que l’on décide tout de même de poursuivre lesdits traitements. L’acharnement thérapeutique survient donc après que les investigations ou les traitements de base (ex: bilan sanguin) aient été effectués.
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Cette capsule a été rédigée par la Dre Josianne Arbour, diplômée d’un baccalauréat en biologie et d’un doctorat en médecine vétérinaire. À titre de médecin vétérinaire, elle pratique actuellement en médecine d’urgence des êtres animaux de compagnie.
À noter que les informations contenues dans cet article ne constituent pas un avis médical. Nous vous recommandons de contacter votre vétérinaire afin de discuter de votre situation particulière.