Nous savons que les êtres humains sont capables de mimer les mouvements produits par d’autres espèces, êtres humains ou êtres animaux, ou encore qu’ils savent imiter les sons qu’ils produisent.
De nombreux mammifères et oiseaux aussi peuvent imiter et mimer leurs congénères ainsi que les membres d’autres espèces.
Étant donné que toutes les capacités sont produites par le cerveau, il n’est pas surprenant que le cerveau soit en quelque sorte capable d’apparier (d’unir) les patterns que nous voyons ou entendons avec les patterns que nous produisons avec nos mains ou notre bouche.
Dans les années 1990, des chercheurs italiens ont découvert les « neurones miroirs » dans le cerveau. Ces neurones sont actifs uniquement :
1 – lorsque nous percevons un mouvement (ou une vocalisation) très spécifique, ainsi que
2 – lorsque nous-mêmes faisons ce même mouvement (ou vocalisation) spécifique.
Si cette découverte n’était pas tout à fait surprenante, elle a inspiré beaucoup d’hypothèses (bien qu’il soit loin d’être évident qu’il y avait eu un besoin ou une justification d’envahir le cerveau de singes macaques pour y arriver).
Depuis, il est devenu possible d’étudier les activités des neurones miroirs de manière non invasive, et ce, tant chez l’être humain que chez les êtres animaux, en utilisant une imagerie cérébrale inoffensive.
Plus important encore, maintenant que nous savons que les neurones miroirs peuvent apparier, d’un côté, ce que l’on ressent lorsqu’autrui fait quelque chose avec, de l’autre côté, ce que l’on ressent lorsque on fait soi-même cette même chose, nous pouvons étudier ces capacités de miroir directement, chez l’être humain ainsi que chez l’être animal.
La première des trois capacités miroir étudiées depuis la découverte des neurones miroirs est :
1 – la capacité de percevoir et d’apparier avec sa production non seulement la forme d’un mouvement, mais aussi la finalité du mouvement : « Si moi j’avais fait cela, pourquoi l’aurais-je fait ? »
Cela conduit naturellement à des questions concernant :
2 – la communication et le langage : « Si moi j’avais dit cela, qu’est-ce que j’aurais voulu dire par là ? »
Et, peut-être la capacité miroir la plus importante :
3 – l’empathie : « Si moi je faisais ce que je vois faire par un autre, qu’est-ce que je ressentirais ? »
Une nouvelle stagiaire en sciences cognitives pour le DAQ, Ada Yetis, mène un projet de recherche sur la capacité miroir et procède à un examen de la recherche sur toutes sortes de capacités miroir chez les êtres humains ainsi que chez les êtres animaux.
On sait déjà que les capacités miroir peuvent franchir la frontière des espèces. Les chiens et les chats de notre famille peuvent souvent percevoir ce que nous ressentons, et nous pouvons également percevoir ce qu’ils ressentent. Le projet d’Ada va tester s’il aide à identifier les patterns acoustiques de les imiter.
Le domaine inspiré par la découverte des neurones miroirs pourrait éventuellement nous aider à comprendre la capacité miroir la plus fondamentale de toutes : la lecture de l’esprit, ce qui ne concerne pas la télépathie ou la magie, mais la façon dont les organismes arrivent à percevoir ce qui se passe dans l’esprit d’un autre être sentient, qu’il soit congénère ou membre d’une autre espèce.
Image
Un macaque nouveau-né imite la saillie de la langue
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Evolution of Neonatal Imitation. Gross L, PLoS Biology Vol. 4/9/2006, e311 doi:10.1371/journal.pbio.004031