Plusieurs parents se creusent la tête afin de trouver des idées créatives et éducatives pour divertir leurs progénitures. Pourquoi donc ne pas aller visiter un jardin zoologique se disent-ils. Certains de ces lieux accueillent des êtres animaux canadiens ou exotiques. D’autres recueillent ces derniers blessés ou en santé, certains les exposent au public, d’autres non. Plusieurs différences fondamentales existent entre ces organismes. Mais, qu’en est-il vraiment?
OSBL ou entreprises lucratives ?
Le fait d’exposer les êtres animaux au public en contrepartie de frais d’admission et à des fins récréotouristiques font que plusieurs de ces OSBL ou organismes n’existent pas pour les bonnes raisons et s’apparentent davantage à des entreprises lucratives.
Ils croient promouvoir l’éducation du public et préserver les espèces en voie d’extinction. Certains affirmeront que les jardins zoologiques sont très utiles à l’éducation et à la connaissance en présence des nombreuses espèces d’êtres animaux, mais, comme l’affirme Valéry Giroux, professeure à l’Université de Montréal et ayant une formation de juriste et de philosophe :
« Le paléontologue n’a pas besoin d’observer de ses propres yeux des dinosaures pour en savoir beaucoup sur eux ».
Également, leur extinction est trop souvent due à une destruction de leur environnement naturel. Peut-être devrions-nous nous pencher sur ce problème et ainsi redonner une qualité de vie de l’environnement à toutes ces espèces d’êtres animaux?
La compromission des impératifs biologiques
Dans ces endroits, les impératifs biologiques i.e. les besoins essentiels physiques, physiologiques ou comportementaux en lien avec l’espèce sont souvent compromis. Tout d’abord, l’habitat au zoo ne respecte pas le besoin de l’être animal de pouvoir se déplacer sur un territoire de taille adéquate. La superficie du territoire des animaux est souvent définie par l’accès à la nourriture. Ils sont en captivité et donc dans l’incapacité d’exprimer leurs besoins essentiels, y compris leurs comportements naturels.
L’impact du confinement
Les stress attribués à la situation de confinement sont présents tels le mouvement restreint, l’espace de retraite réduit, la proximité forcée avec les humains ainsi que les opportunités d’alimentation réduites. La captivité et son éclairage artificiel, l’exposition à des bruits forts ou aversifs, les odeurs stimulantes et des températures inadéquates sont également des sources de stress environnementaux. Les proies en captivité, par exemple, peuvent être constamment exposées à l’odeur de leurs prédateurs naturels. Un élément de la captivité qui peut interférer avec ces signaux est le nettoyage régulier des cages. De nombreux animaux utilisent ces marques de senteur pour délimiter leur territoire ou indiquer leur statut reproductif. L’élimination constante de ces signaux olfactifs peut être stressante. [1]
Ce manque d’espace et la compromission de leurs impératifs biologiques peuvent aussi amener chez eux des comportements stéréotypés (ex. : tourner sans cesse en rond dans la cage), de l’automutilation, des dommages cognitifs au cerveau dû au manque d’enrichissement de leur environnement, de l’ennui chronique et de la frustration. De plus, l’exposition de proximité à l’être humain, soit de se faire nourrir ou toucher n’est pas naturelle pour ces êtres animaux non domestiqués. Certains zoos se sont tout de même penchés sur ces éléments, mais, même s’ils essaient d’améliorer l’environnement et l’enrichissement pour leurs résidents, il n’en demeure pas moins que ces derniers passent leur vie enfermée.
Enfin, le plus grand facteur de stress dans les populations d’animaux en captivité est constitué par les éléments sur lesquels l’animal n’a aucun contrôle et dont il ne peut s’échapper.[2]
Modification du statut juridique des êtres animaux
Depuis 2015, avec l’arrivée de la modification du statut juridique de l’être animal, ce dernier a bien changé. L’animal n’est plus considéré comme un bien, mais plutôt comme un être ayant « la capacité de ressentir des états affectifs, dont la souffrance, mais aussi le plaisir .»[3]
Ce concept de sentience est reconnu maintenant en éthique animale. Le dictionnaire Larousse le définit ainsi :
« Pour un être vivant, capacité à ressentir les émotions, la douleur, le bien-être, etc., et à percevoir de façon subjective son environnement et ses expériences de vie ».
Il est donc impératif de se questionner sur ce que les êtres animaux ressentent en captivité dans les zoos.
Comme parents, dans un but éducatif et pour sensibiliser les jeunes aux bienfaits du respect et de l’éducation envers les êtres animaux, pourquoi ne pas plutôt proposer des moments de bénévolat à un refuge éthique et responsable de la région? Ces derniers sont souvent en manque de ressources matérielles et humaines et ont une mission plus riche.
C’est pourquoi la Communauté Droit animalier Québec -DAQ croit que la valeur pédagogique pour les enfants serait de beaucoup augmentée avec ce type d’activités éducatives. Le milieu scolaire pourrait également promouvoir ce type de sorties avec les élèves. Cela permettrait davantage de sensibiliser les enfants sur les besoins des êtres animaux dans le plus grand des respects.
[1] Sources of stress in captivity, Kathleen N. Morgan, Chris T. Tromborg pp. 263-302.https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0168159106001997
[2] Sources of stress in captivity, Kathleen N. Morgan, Chris T. Tromborg, p. 264 https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0168159106001997
[3] Voir article : L’éthique animale : l’enjeu du statut moral des animaux et de la responsabilité humaine de la Commission de l’éthique en science et en technologie du Québec.