LES TERMES « SPECISME » ET « CARNISME » EN DROIT ET ÉTHIQUE ANIMALIERS - CAPSULE DAQ N° 41

LES TERMES « SPECISME » ET « CARNISME » EN DROIT ET ÉTHIQUE ANIMALIERS - CAPSULE DAQ N° 41

La première utilisation du terme « spécisme » remonte à 1970, dans un pamphlet intitulé « Speciesism » rédigé par le psychologue et écrivain Richard D. Ryder. Avec ce nouveau mot, Ryder cherchait à faire un parallèle entre les situations difficiles vécues par les êtres animaux et celles vécues par les êtres humains, et plus particulièrement les situations de discrimination comme le racisme, le sexisme et le classisme[1]. En 1975, Peter Singer, philosophe, définit le spécisme ainsi : « Le spécisme est un préjugé ou une attitude de parti pris en faveur des intérêts des membres de sa propre espèce et à l’encontre des intérêts des membres des autres espèces »[2].

Le spécisme est donc une forme de discrimination contre certains individus en lien avec l’espèce animale à laquelle ils appartiennent. L’espèce étant un trait individuel arbitraire, comme le sexe ou la race, il ne s’agit pas d’un critère moralement pertinent afin d’opérer une différence de considération ou de traitement entre les individus, les intérêts de chacun devant être pris en cause, notamment l’intérêt à ne pas souffrir dans le cas des êtres animaux sensibles. On se situe ici dans une logique de non-discrimination en faveur de tous les individus, êtres humains et êtres animaux, plutôt qu’en faveur des êtres humains seulement, ou encore de certains êtres animaux privilégiés seulement (comme les chats et les chiens au Québec).

Par ailleurs, le « carnisme », tel que défini par la psychologue sociale Melanie Joy, est une idéologie visant à justifier la consommation de viande[3]. Actuellement, dans la société québécoise, le carnisme est l’idéologie dominante et celle-ci nous conditionne à manger de la viande, puisque cette consommation serait normale, naturelle et nécessaire. Manger de la viande n’apparait alors pas comme un choix.

En réponse au spécisme et au carnisme, il y a le véganisme : Pratique de consommation consistant à éviter tous produits d’origine animale ou issus de leur exploitation (viande, œufs, produits laitiers, cuir, fourrure, laine, cosmétiques testés sur les animaux, etc.). En fait, il s’agit tout simplement de faire des choix de consommation en conformité avec les valeurs qui nous habitent, lorsque celles-ci sont l’amour et le respect des êtres animaux, la compassion, la bienveillance, etc. Afin de mieux saisir les concepts de carnisme et de véganisme, ou de continuer votre réflexion, nous vous invitons à regarder la vidéo suivante : Dre Melanie Joy

[1] Richard D. Ryder, « Speciesism Again: the original leaflet » (2010) 2 Critical Society 1

[2] Peter Singer, La Libération animale, Paris, Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2012.

[3] Melanie Joy, Why we love dogs, eat pigs and wear cows – An introduction to Carnism, San Francisco, Conari Press, 2010.