On ne l’adopte pas « en criant lapin » ! - Capsule DAQ N° 73

On ne l’adopte pas « en criant lapin » ! - Capsule DAQ N° 73

Connaissez-vous cette vieille expression québécoise, faire ceci, ou faire cela … « en criant lapin » ? Cela veut dire faire quelque chose ou poser une action rapidement et facilement. Et c’est justement ce qu’il ne faut pas faire lors de la prise de décision d’adopter un lapin. En effet, nombreux sont les lapins victimes d’adoptions compulsives et irréfléchies pour ensuite être abandonnés au grand désarroi des refuges et organismes sans but lucratif (OSBL) qui viennent en aide aux êtres animaux.

Un lapin en cadeau pour Pâques ?

Quel parent n’aimerait pas faire plaisir à son enfant ? Et pourquoi pas un lapin pour Pâques ? Un vrai lapin. « L’adopter ne coûtera pas si cher, on lui donnera des carottes, et contrairement au chat, lui on pourra le garder en cage, et le sortir lorsqu’on voudra le cajoler et jouer avec. Un mignon petit toutou ! », croient malheureusement certains.

Erreur, erreur, et erreur !

Tout cela n’est que fausses croyances. Voire même une forme de maltraitance.

Évidemment que ce n’est pas pour mal faire. Mais nombreuses personnes méconnaissent les responsabilités qui viennent avec l’adoption d’un lapin domestique, déplorent trop souvent les refuges animaliers, OSBL et les vétérinaires.

Sandrine Trudeau (1)  , une grande passionnée des lapins, et modératrice d’un groupe sur Facebook (Le Bunny Club, un groupe de partage et de conseils entre passionnés de lapins), assure que ces êtres requièrent beaucoup plus de soins et d’entretien qu’on ne puisse le croire. Elle insiste à l’effet qu’ils ont une ossature très fragile, n’aiment pas être manipulés, et supportent mal le stress et le bruit. « Ils ne sont donc pas faits pour les jeunes enfants », insiste-t-elle.

« Ça me fait d’la peine, sauf que … »

Nombreuses personnes qui les abandonnent peuvent justifier une raison, par exemple : Mon fils a développé une allergie (ce qui n’est pas rare avec les lapins), mon chien va finir par le blesser (les spécialistes vous diront qu’il n’est pas recommandé d’adopter un lapin en présence d’un jeune enfant ou un chien), je déménage et il y’a une clause dans mon bail qui me l’interdit ! (Voir la pétition de la SPCA de Montréal visant à interdir les clauses prohibant les animaux de compagnie au Québec ), etc. Ah oui … Et y avez-vous songé sur l’aspect financier ?

Pas si cher à l’adoption … mais plus dispendieux en soins !

Le lapin est un être animal exotique. Les cliniques vétérinaires qui les soignent sont plus rares, et les soins plus dispendieux.

Femelle ou mâle, il faut prévoir des frais pour la stérilisation. En effet, Sandrine nous souligne qu’une femelle non stérilisée a 80% de chance de développer un cancer de l’utérus, et quant au mâle, une fois arrivé à la puberté, s’il n’est pas stérilisé il risque d’être plus agressif.

« Jamais un sans deux » ?

Le lapin est un être grégaire. Si vous ne voulez pas qu’il tombe en dépression, trouvez-lui un partenaire du sexe opposé et stérilisé (une autre dépense). ET ce n’est pas tout. À moins de les adopter en même temps alors qu’ils vivaient ensemble, ne croyez surtout pas qu’il suffise de l’introduire dans la demeure en lui disant : « Coucou … Voici ton nouvel ami ». La cohabitation est souvent difficile et longue.

Quant à l’idée de s’imaginer qu’il peut passer ses journées dans la cage et ne manger que des carottes … c’est évidemment faux … archifaux. Un lapin n’est pas fait pour demeurer dans une cage. Bien au contraire. Pour des conseils rapides et utiles, nous vous suggérons fortement de lire à ce sujet, notamment l’article du refuge animalier Proanima intitulé : « Ce que je devrai savoir avant d’adopter un lapin » .

Mais loin de nous l’idée de vous décourager d’adopter un lapin, sauf que …

Tout comme un chien ou un chat, même s’ils sont différents, les lapins, sont des êtres doués de sensibilités.

C’est pourquoi : adopter un lapin ne se fait pas … en criant lapin !

En fait, saviez-vous que les lapins domestiques sont protégés par la Loi BÊSA ? À ce sujet, nous vous invitons à prendre connaissance de la conférence offerte par Me Nicolas Morello, président fondateur du DAQ, intitulée: 2015-2025 Le sort des êtres animaux au Québec


(1) Sandrine Trudeau, détentrice d’un Baccalauréat en sciences biologiques et d’une maîtrise en sciences vétérinaires

Auteure de cette capsule DAQ : 

Me Maryline Rosan détient un baccalauréat en administration des affaires et un baccalauréat en droit. Membre du Barreau, elle est conférencière et formatrice en matière de santé et de sécurité au travail à l’attention des dirigeants et des gestionnaires d’entreprises.

Membre de la Communauté DAQ par conviction personnelle, Maryline signe ici sa première capsule.