Prisonniers de leur cage : les perroquets en captivité - CAPSULE DAQ N° 82

Prisonniers de leur cage : les perroquets en captivité - CAPSULE DAQ N° 82

Aux États-Unis, nous retrouvons environ 50 millions de perroquets, mais seulement 7,5 millions d’entre eux se retrouvent dans des maisons. Malheureusement, ce n’est pas parce que les 42,5 millions se retrouvent dans la nature, mais bien dans des refuges en attente d’être adoptés. La raison première des abandons de perroquets est leurs cris excessifs (1).

 

Capacités cognitives des perroquets

 

Nous retrouvons environ 400 espèces de perroquets dispersés sur tous les continents dans le monde (2).  Leur capacité cognitive complexe est un sujet d’intérêt récent par les experts en sciences qui ont découvert que ces individus avaient la capacité cognitive de fabriquer des outils, de se reconnaître devant le miroir, de parler et de comprendre ce que les autres ressentent et pensent ainsi que d’anticiper leurs actions (concept nommé théorie de l’esprit) (3). D’ailleurs, les perroquets ont des capacités cognitives équivalentes à celles des primates, un phénomène communément appelé convergence évolutive (4). Par exemple, le fameux perroquet gris d’Afrique du nom d’Alex était en mesure de distinguer des couleurs, des chiffres, des formes et était en mesure de nommer plus de 100 objets (1). Leur complexité cognitive est toujours sujet à découverte.

 

Dans la nature

 

Dans leur milieu naturel, les perroquets sont des êtres extrêmement sociaux. Leur quotidien consiste à se déplacer, notamment en volant, pour près de huit heures par jour afin de trouver de la nourriture que ce soit une variété de graines, de fleurs, fruits, insectes et de l’herbe. Venu la nuit, ils nichent en groupe de centaines, voire de milliers d’individus. Cette structure sociale est essentielle pour la survie de leur espèce dans la nature (1).

 

En captivité

 

Malheureusement, le quotidien des perroquets en captivité n’est pas du tout le même que ceux de leur congénère dans la nature. En comparaison, ils passent la majorité de leurs journées enfermées dans une cage, le regard perdu dans le vide.

 

 

Évaluer le bien-être des perroquets en cage

 

Le bien-être des perroquets en captivité est affecté par une variété de facteurs.

 

Nutrition : Les gardiens de perroquets achètent la nourriture pré préparée qui est souvent à base de simples grains ou de granulés. Cette nourriture est inappropriée et elle augmente les risques de malnutrition et de problèmes de santé, ce qui est l’un des facteurs qui les emmènent à développer des problèmes de comportement (1).

 

Environnement : Les cages sont néfastes pour le bien-être des perroquets, car elle les empêche de voler, ce qui est primordial pour leur bien-être physique et psychologique. En plus de se retrouver dans une cage, la majorité des perroquets vivent au sein d’une habitation ce qui les empêche d’être exposés directement au soleil, ce qui crée des déficiences en vitamine D. Il est commun pour les perroquets gris d’Afrique de recevoir un diagnostic d’ostéoporose, ce qui est causé par un manque d’exercice, de diète appropriée et d’exposition directe au soleil (1).

 

Santé : Aux États-Unis, des études suggèrent que seulement 12% des gens emmènent leur perroquet chez le vétérinaire. Ceci est problématique d’autant plus que les perroquets sont des êtres animaux de proie, et qu’ils cachent leurs problèmes de santé jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour les guérir. Emmener son perroquet chez le vétérinaire est important afin de prévenir et guérir les maladies auxquels ils souffrent (1).

 

Comportement : Tel qu’expliqué précédemment, les perroquets ont une vie active dans leur milieu naturel. Ils volent et cherchent de la nourriture à longueur de journée, des activités qui nécessitent l’utilisation d’une grande quantité d’énergie, autant sur le plan physique que psychologique. Ils utilisent leurs capacités cognitives pour chercher, pour apprendre et pour se rappeler où trouver la meilleure nourriture. Dans la nature, ils mangent et se réjouissent d’une variété d’aliments qui diffèrent en goût et en texture. En comparaison, en captivité, ils sont captifs dans une cage, sans possibilité d’exercer leurs activités habituelles, soit de voler et de rechercher de la nourriture. Souvent, leur nourriture est simplement placée dans un bol.

 

Des études scientifiques sur les êtres animaux en captivité ont démontré un lien direct entre l’ennui et le développement de troubles de comportement. Les études scientifiques suggèrent que le fait que les perroquets ne sont pas en mesure d’exhiber leurs comportements naturels notamment en volant et en recherchant de la nourriture est la cause pour laquelle ils développent des problèmes de comportement tel que le picage chronique (l’arrachage de plumes), les cris excessifs et les comportements agressifs (1).

 

Conclure

 

Clairement, le bien-être des perroquets n’est pas compatible avec la captivité. Il est essentiel pour ces derniers de voler de longues distances et de rechercher de la nourriture dans la nature, avec leurs congénères. Même pour les perroquets en captivité qui ont de l’activité physique et de la stimulation, de la nourriture de bonne qualité et de la compagnie, la vie en captivité est toujours loin d’être optimale et ne peut comparer à celle que peut vivre les perroquets dans leur milieu naturel (5).

 

Le Québec reconnait que les êtres animaux sont sentients et qu’ils ont des impératifs biologiques. La Cour d’appel du Québec a indiqué que nous devons tenir compte de cette sentience lors de nos interactions avec les êtres animaux (6).

 

Alors, selon vous, est-ce que garder un perroquet en captivité est compatible avec leur bien-être ?

 

 

 

REFERENCES

 

  • Baukhagen HS, Engell M. Avian cognition and the implications for captive parrot welfare. Animal Welfare. 2022;31(2):257-267. doi:10.7120/09627286.31.2.009

 

 

 

 

 

  • Road to Home Rescue Support c. Ville de Montréal, 2019 QCCA 2187 (CanLII), par. 57